Une plainte devant la Justice est annoncée contre l’ancien maire de la commune de Gagnoa, Médji Bamba, par le conseil municipal dirigé par son successeur, le maire Yssouf Diabaté. Dans une interview, le mis en cause que nous avons depuis les Etats-Unis où il dit être en vacances avec sa famille, s’est prononcé sur les accusations dont il fait l’objet. Il retourne également le bâton contre l’actuel maire de Gagnoa, Yssouf Diabaté.
Le Conseil municipal de Gagnoa dirigé par le maire Yssouf Diabaté vous accuse d’avoir attribué des marchés à votre épouse lorsque vous étiez maire de la ville. Comment vous réagissez ?
Médji Bamba : C’est un pur mensonge, une calomnie. Il fait le choix du mensonge pour salir d’honnêtes citoyens. Ces accusations mettent en cause l’administration communale, la trésorerie municipale. Je ne sais pas son régime matrimonial mais moi je suis légalement marié sous le régime de la communauté de biens.
Dans cette affaire, une société dénommée ADECO-CI est citée. Que savez-vous de cette société ?
ADECO-CI a livré à la mairie, le salon en daim qui se trouve dans le bureau du maire. C’est pourtant lui qui accuse cette société de n’avoir pas livré même un stylo. Il y a les guéridons et la table centrale. Dans le même bureau du maire, vous verrez une petite table avec quatre fauteuils pour les signatures des documents et les réunions restreintes. Toujours dans le bureau du maire, les fauteuils de direction et les fauteuils visiteurs. Est-ce que ces meubles sont tombés du ciel ? Il ment alors que la vérité lui pend sous le nez.
C’est tout ce que la société ADECO-CI a livré à la mairie ?
ADECO-CI a meublé les bureaux des chefs de service et des adjoints au maire de bureaux et de fauteuils. Les chaises VIP et les chaises malaga qui sont dans la salle de délibérations et de mariage. Elle a livré aussi une grande photocopieuse qui était au bureau du secrétaire général ainsi que des imprimantes dans le bureau de chaque chef de service. Sans oublier des ordinateurs à la mairie et à la trésorerie municipale, les consommables et les fournitures de bureau.
Qui a réceptionné toutes ces fournitures ?
Ces fournitures ont été réceptionnées par les services de la mairie. Comme vous le voyez, ce mensonge vise à salir mon épouse, l’administration de la mairie et surtout le trésorier municipal qui était en service et avec qui il a travaillé avant son départ à la retraite. À tirer à l’aveuglette, il éclabousse tout le monde. Quand il fait le cumul sur quatre ans, je n’aurais siphonné que 41 millions fcfa sur plus de 3 milliards Fcfa possibles. C’est juste ridicule. Le pays sortait de la crise post-électorale et les fournisseurs à qui les communes devaient étaient réticents à travailler avec les collectivités. C’est le contexte qui prévalait et qui a justifié qu’on s’adresse à une société capable de nous aider rapidement.
Que pensez-vous de votre successeur et de sa gestion ?
Vous savez, Gagnoa a un maire « marmailleur » qui croit qu’il peut rouler tout le monde dans la farine. Pendant la passation, il avait nié toutes les réalisations, même l’existence de la fanfare. Il a fallu faire venir les instruments dans la salle pour lui rabaisser le caquet. Le mensonge est au centre de son fonctionnement.
Vous affirmiez posséder des dossiers brûlants concernant la gestion de votre successeur. Quels sont ces dossiers brûlants ?
Cette question est la véritable raison de tous les tintamarres que vous entendez. J’ai alerté les institutions de la République sur sa mauvaise gouvernance. Pour la vente du bâtiment de l’état civil qui abrite la LONACI, il a « marmaillé » 150 millions Fcfa (il nous présente l’acte notarié). C’est de l’escroquerie sur le dos de la mairie. Tu vends un bien avec ta qualité de maire. Si ce n’est pas la propriété de la mairie, c’est de la marmaille. L’argent n’est pas arrivé au trésor public. Or le trésorier est seul habileté à gérer les deniers publics donc l’argent de la mairie. Le plan directeur d’urbanisation 2016-2030 qui a fait l’objet d’une prise de décret par le président de la République Alassane Ouattara attribue à la commune de Gagnoa, 117 hectares pour son nouveau cimetière.
Le cimetière actuel qui a plus de 40 ans est totalement saturé et est sur seulement 8 hectares. Avec une population de plus de 300.000 habitants, Gagnoa a un besoin criard de places pour inhumer ses morts. C’est l’espace qu’il a morcelé et qu’on appelle Maguiville. Il n’est pas détenteur de droits coutumiers d’où vient-il qu’il soit signataire des attestations ? C’est de l’arnaque puisque ceux qui achètent n’auront pas de titre de propriété. Le site étant frappé de servitude.
Vous dénoncez également une escroquerie à l’état-civil ?
C’est un système d’escroquerie à grande échelle qui est instauré à l’état civil. Quand vous faites une demande d’un acte de naissance, il faut payer 250 fcfa pour la photocopie de l’extrait, on t’oblige à faire deux copies si bien que pour une dépense légale de 500 fcfa, vous en faites 1500 fcfa. La mairie empoche 500 fcfa hors toute comptabilité. On appelle ça la gestion de fait et c’est passible de lourdes sanctions. Escroquer sa propre population, c’est grave ! Les usagers pressés d’obtenir leurs documents ne bronchent pas. La délibération des taxes fixe le prix de chaque acte et c’est 500 fcfa pour les actes de naissance. Pour les déclarations de naissance, il y a des montants qui défient le bon sens. Tous les actes à l’état civil sont surfacturés. Il y a les sites de l’ONUCI et de l’aéroport où il a illégalement délivré des attestations alors que ces sites sont des réserves administratives.
Avez-vous les preuves de ces accusations ?
Pour les preuves, non seulement j’en dispose, mais un responsable l’a reconnu devant une autorité de la tutelle. En réalité, ce sont ces pratiques gravissimes que j’ai portées à la connaissance des autorités compétentes qui l’ont amené à fabriquer des mensonges pour salir mon épouse. C’est une vaine défense car la vérité des faits est là.
Quels sont vos rapports avec les populations de Gagnoa que vous souhaitez diriger à nouveau ?
Je suis un acteur politique et je garde le contact avec les populations de Gagnoa. Je fréquente tout le monde et je suis très attentif à ce que nos compatriotes me confient. Concernant Garahio, le maire actuel veut créer une polémique soit disant entre les Bété et moi. C’est malsain. J’ai écrit au ministère de la construction pour engager la procédure de déclassement. C’est ce qui est légal. Le village n’a aucun titre de propriété. Il a encore frappé de ce côté. Mon épouse est Bété et Tchédjué (originaire de Bariho). Le Bété de Gagnoa sait ce que ça veut dire. Il ne peut pas m’opposer à mes beaux-parents.
Vous ne dites rien sur votre signature retrouvée sur le compte de la société ADECO-CI dans une banque à Gagnoa ?
Concernant la signature sur le compte dont il dit avoir investigué. Personne ne peut obtenir d’information sur le compte bancaire d’un tiers sans une décision de justice. Il est dans l’affabulation. Comme il s’écoute parler, il croit que ses mensonges par une alchimie peuvent se transformer en vérité. Il aurait pu s’informer sur le registre de commerce pour avoir des informations sur la société ADECO-CI au lieu d’inventer n’importe quoi.
Interview réalisée
par Doumbia Namory
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