Le ministre ivoirien de la communication et de l’économie numérique, Amadou Coulibaly, représentant le Premier ministre Patrick Achi, a invité les pays africains à une synergie de lutte contre la cybercriminalité qui gagne du terrain sur le continent. Il a lancé cet appel, le lundi 24 avril 2023, au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan- Cocody, à la cérémonie d’ouverture de la 3e édition du Cyber Africa Forum (CAF) qui a pour thème « Enjeux, acteurs et partenaires: Quelles solutions pour sécuriser la transformation digitale de l’Afrique? ».
L’Union internationale des télécommunications (UIT), a dit Amadou Coulibaly, s’inquiète de la faible préparation de l’Afrique à la cyber-sécurité.
« C’est une préoccupation largement partagée au regard de l’importance prise par internet et les réseaux au cours de la dernière décennie. L’avènement de la covid-19 et les changements de nos usages ont été un bon accélérateur pour le développement de l’utilisation d’internet. Ce développement de notre rapport à internet démultiplie la croissance des cyber menaces », a-t-il précisé. Selon le cabinet Verified Market Research, le marché de la cyber-sécurité au Moyen-Orient et en Afrique qui était évalué à 5,92 milliards USD en 2018 devrait atteindre 17,30 milliards USD d’ici 2026. C’est dire l’importance du futur besoin de protection qu’exprimeront les entreprises et les gouvernements, a affirmé M. Amadou Coulibaly.
A l’en croire, en Côte d’Ivoire, en 2021, le coût de la cybercriminalité était évalué à environ 6 milliards de FCFA avec 5 000 plaintes reçues par la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) et un taux de résolution de 50% environ. « Les cyber-attaques sont de plus en plus sophistiquées et fréquentes, touchant tant les grandes entreprises que les particuliers. Les pirates informatiques cherchent à exploiter les failles de sécurité pour dérober des informations sensibles, compromettre des systèmes et perturber les opérations.
Ces attaques ont non seulement un impact financier, mais également un impact sur la confiance des investisseurs, la réputation des organisations du secteur public et privé et la vie privée des citoyens », a-t-il dit.
Et d’ajouter : « Nous devons donc travailler ensemble pour renforcer nos défenses et prévenir les cyber-attaques. Cela commence par une prise de conscience des risques potentiels et des bonnes pratiques de sécurité informatique ». Les populations, au dire du ministre de la communication, doivent être informées des menaces, des mesures de prévention et de ce qu’il convient de faire en cas d’incident. « Des investissements doivent également être faits dans des technologies et des formations pour protéger nos systèmes et nos données », a-t-il souhaité.
Il a annoncé, pour les prochains mois, la création de l’Agence nationale de Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI) et d’un Centre de supervision national des opérations de Sécurité qui viendront renforcer le dispositif de sécurité nationale et permettront au pays de progresser dans son indice global de cybersécurité au niveau continental et international.
Pour sa part, Franck Kié, commissaire du Cyber Africa Forum , a annoncé que l’année 2022 a été marquée en Afrique par une réelle augmentation du volume de menaces cyber. Qui se sont poursuivies en 2023. « Les cybercriminels ont sévi sur notre continent avec environ 1 848 attaques par semaine ciblant une organisation en Afrique contre 1 164 dans le monde. Par conséquent, la lutte contre la cybercriminalité doit être une priorité absolue.
Les pays africains doivent renforcer leurs actions de coopération, et travailler de manière conjointe avec leurs partenaires extérieurs pour lutter contre ce fléau. Les initiatives régionales telles que la convention dite de Malabo de l’Union africaine sur la cyber sécurité et la protection des données à caractère personnel, ainsi que la stratégie commune de la CEDEAO contre la cybercriminalité furent des étapes très importantes pour renforcer la collaboration régionale. Mais nous devons aller encore plus loin, et nous n’aurons de cesse de le répéter », a-t-il indiqué.
Selon Franck Kié , en trois ans, Cyber Africa Forum s’est érigé en fervent défenseur d’une politique de cyber-sécurité coopérative et adaptée aux enjeux du continent africain. « Nous croyons fermement qu’il s’agit là d’un enjeu collectif et sommes convaincus de l’importance de bâtir des partenariats solides pour faire face aux défis de sécurité numérique auxquels nous sommes confrontés. C’est pourquoi nous avons toujours appelé toutes les parties prenantes, qu’elles soient du secteur public ou privé, à travailler ensemble », a-t-il conclu.
Nedson Djinson
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