Après la France, le Niger chasse les Etats-Unis de son territoire – Sale temps pour les bases militaires des pays de l’OTAN en Afrique

Le régime de transition militaire au Niger a dénoncé récemment « avec effet immédiat » l’accord de coopération militaire avec les États-Unis, datant de 2012, après une visite de trois jours de hauts responsables américains à Niamey.

« Le gouvernement du Niger, prenant en compte les aspirations et les intérêts de son peuple, décide en toute responsabilité de dénoncer avec effet immédiat l’accord relatif au statut du personnel militaire des Etats-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger », a indiqué le porte-parole du gouvernement nigérien, Amadou Abdramane, dans un communiqué.

La délégation américaine a quitté Niamey, le jeudi 14 mars 2024, après avoir rencontré plusieurs responsables nigériens dont le Premier ministre Ali Mahaman Lamime Zeine. Arrivée, le mardi 12 mars 2024, à Niamey, cette délégation conduite par la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines Molly Phee, devait initialement y passer deux jours, mais a décidé de prolonger son séjour. Mais, au cours de cette visite de trois jours, Molly Phee n’a pas pu rencontrer le chef du régime militaire Abdourahamane Tiani.

L’armée américaine indésirable au Niger

Selon les médias occidentaux qui ont suivi cette visite américaine, dans ce communiqué du gouvernement nigérien de transition lu à la télévision nationale, Amadou Abdramane précise que la présence militaire américaine est « illégale » et « viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques ».

Selon Niamey, cet accord qualifié « d »injuste » a été « imposé unilatéralement » par les Etats-Unis, via une « simple note verbale », le 6 juillet 2012. Cette décision survient peu après le départ d’une délégation américaine. « L’arrivée de la délégation américaine n’a pas respecté les usages diplomatiques », a expliqué Amadou Abdramane, assurant que le gouvernement américain a informé Niamey de « façon unilatérale » de sa date d’arrivée et de la composition de sa délégation.  Les Etats-Unis comptent quelque 1.100 soldats engagés dans la lutte anti-jihadiste dans le pays et disposent d’une importante base de drones à Agadez (nord). Selon le régime militaire au pouvoir au Niger, les résultats de l’armée américaine en matière de lutte contre le terrorisme dans la région ne sont pas satisfaisants. Les Etats-Unis sont actuellement engagés, avons-nous appris du côté de Niamey, afin que le Niger revienne sur sa décision. Mais c’est moins sûr que Washington obtienne gain de cause.

De nouveaux partenaires pour faire face au terrorisme

Avant les Etats-Unis, c’est la France, autre pays phare de l’OTAN, qui a été mise à la porte par des pays africains notamment le Mali et le Niger. Le Burkina Faso leur a emboité le pas. Rapidement après leur arrivée au pouvoir lors du coup d’État du 26 juillet 2023 qui a renversé le président Mohamed Bazoum, le régime militaire dirigé par le général Tchiani a dénoncé l’accord de coopération militaire avec la France. Les derniers soldats français ont quitté le Niger, le 22 décembre 2023.

 Le Niger s’est rapproché du Burkina Faso et du Mali – eux aussi gouvernés par des militaires. Mais surtout face à l’incapacité des pays de l’OTAN de lutter efficacement contre le terrorisme en Afrique de l’ouest, ces trois pays ont pris deux décisions importantes. D’une part, ils ont de nouveaux partenaires pour mener cette lutte contre le terrorisme. Ce sont la Russie et l’Iran.

Les pays de l’AES mutualisent leurs efforts

D’autre part, les trois pays ont conclu en septembre 2023, un pacte de sécurité appelé « Alliance des États du Sahel » (AES). Le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont convenu de mettre en place une force conjointe pour lutter contre les menaces à la sécurité sur leurs territoires. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger subissent tous trois des violences de groupes islamistes armés, qui ont fragilisé les pouvoirs civils et amené dans chacun de ces pays l’armée à prendre le pouvoir. Par ailleurs, les trois pays de l’AES prévoient de se porter mutuellement assistance en cas de rébellion ou d’agression extérieure. En dépit de leur déconvenue en Afrique de l’ouest avec des résultats non satisfaisants dans la lutte contre le terrorisme et leur mise à la porte par des pays de la sous-région, les pays membres de l’OTAN avec à leur tête les Etats-Unis d’Amérique n’ont pas renoncé à accroître leur présence militaire en Afrique.

Une contribution de

Moumouni Dibo

Politologue nigérien basé à Niamey 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laissez une réponse

Votre email ne sera pas publié