Education nationale : mauvaise gestion du concours des IEPP

Une nouvelle fonction vient d’être créée au Ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA). Il s’agit de la fonction de chef de circonscription adjoint. Désormais, les inspecteurs de l’enseignement préscolaire et primaire (IEPP) seront deux à faire fonctionner la circonscription. Un arrêté a été pris dans ce sens, le lundi 7 février dernier, par la ministre Mariatou Koné. Décliné en sept articles, cet arrêté (numéro 0015) précise les missions du Chef de circonscription adjoint. Le moins que l’on puisse écrire, c’est que cette décision est une réponse à la mauvaise gestion et au manque de planification des concours des IEPP par les prédécesseurs de l’actuelle ministre. Ces dernières années, le concours des IEPP était devenu un fonds de commerce et le poste devenu un moyen de récompense de militants politiques ou d’amis. « Tout est parti de la fin de l’année 2016, quand une soixantaine de personnes (des instituteurs et institutrices, sans grande expérience, des enseignants du CAFOP, des Conseillers pédagogiques du Secondaire) ont été nommées IEPP, du jamais vu, alors qu’une centaine d’IEPP était en formation à l’Ecole normale supérieure (ENS), » explique un IEPP sous le couvert de l’anonymat. L’on a prétexté d’un déficit et d’une urgence pour procéder ainsi. En 2017, une promotion de 34 inspecteurs entre à l’ENS. Elle finit sa formation en 2019. A la sortie, ils sont classés par ordre de mérite. Curieusement, ils ne seront pas affectés selon cet ordre, mais selon des critères propres au cabinet et au compte-gouttes. A ce jour, apprend-on, trois d’entre eux sont encore sur le carreau. « Le comble, c’est que des inspecteurs de la promotion suivante (28 stagiaires), c’est-à-dire leurs cadets, ont été affectés sur le terrain, avec véhicule de fonction pour certains. Ces affectations se font discrètement et individuellement. Il y en a eu récemment, » confie un autre IEPP. Au total, a-t-on appris, 25 IEPP, dont trois de la promotion 2017 – 2019 et 22 de la promotion 2018 – 2020 sont encore sur le carreau. « Il faut ajouter à ces 25 inspecteurs, 206 stagiaires actuellement sur le terrain dans les IEPP. Alors qu’il y a au total environ 300 circonscriptions à travers le pays. Où va-t-on affecter ces stagiaires à leur sortie ? Ils ont émietté les IEPP, cela n’a pas résolu le problème. Aujourd’hui, des circonscriptions se retrouvent avec seulement trente écoles préscolaires et primaires. Ils ont piégé la ministre Mariatou Koné. Elle n’a pas d’autres choix que de créer des postes de chef de circonscription adjoint, sinon les gens seront payés à ne rien faire, » poursuit notre interlocuteur. Des IEPP joints par téléphone affirment que la collaboration entre deux chefs de circonscription ne sera pas du tout aisée sur le terrain. « C’est du n’importe quoi ! Imaginez-vous qu’un IEPP formé à l’ENS soit affecté comme l’adjoint d’un IEPP nommé, à moins qu’on demande son avis avant affectation. Il y aura forcément des problèmes de leadership, de management et de gestion des ressources humaines, si l’argent ne les divise pas, » soutiennent-ils en chœur. Pour un autre IEPP, il aurait été opportun de supprimer le poste d’Adjoint au directeur de CAFOP (ADC) et nommer des IEPP en lieu et place, puisque ce sont les chefs de circonscription qui sont nommés directeurs de CAFOP. L’ADC ne devient jamais directeur de CAFOP. « A cette allure, tous les chefs-lieux de sous-préfecture auront une inspection, quand on aura constaté l’échec de cette collaboration. » Comme on le voit, cet arrêté met à nu la mauvaise gestion et le manque de planification dans les concours des IEPP. Malheureusement, il incombe à la nouvelle ministre de trouver une solution à un problème qu’elle n’a pas créé.

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