Face à la crise du blé : Que peut faire l’Afrique ?

Depuis le 24 février 2022, une guerre fratricide oppose la Fédération de Russie à l’Ukraine, respectivement premier et quatrième exportateurs mondiaux de blé. En raison du conflit armé qui oppose ces deux pays, le monde est menacé, selon certains analystes, par une crise alimentaire majeure. Première zone importatrice de cette céréale dans le monde, l’Afrique du Nord qui en achète chaque année 30 millions de tonnes, se trouve dans une situation préoccupante. Le prix du blé, denrée indispensable pour la fabrication du pain, s’est accru en Egypte, Tunisie, Algérie et au Maroc.

Principal importateur de céréales en Afrique, l’Égypte a acheminé près de 13 millions de tonnes de blé en 2021. Cette année-là, 85% de ses importations venaient d’Ukraine ou de Russie. « La Russie et l’Ukraine étaient nos principaux fournisseurs de blé », a reconnu le Premier ministre égyptien Mustafa Madbouly début mars 2022.

En Egypte, le pain est subventionné. Plus 60 millions de personnes sur les 100 millions d’habitants reçoivent cinq miches par jour dans le cadre d’un vaste programme de subventions. Mais dans les commerces, le poids de la galette distribuée aux plus modestes a diminué. Les boulangers face à la hausse des prix utilisent moins de farine. L’Algérie est le pays du Maghreb qui achète le plus de blé à l’étranger chaque année. Alger en a importé entre 7 et 11 millions de tonnes l’an passé. Si la France a longtemps été son principal fournisseur, aujourd’hui, le géant maghrébin dépend très largement des importations russes et ukrainiennes.

En plus de l’Afrique du Nord, dans plusieurs autres pays du continent, on constate une hausse des prix du blé. En Côte d’Ivoire, par exemple, la farine est passée de 11.250 Fcfa à 21.250 Fcfa pour le sac de 50 kg, soit une augmentation de près de 97%, et le gaz de 350f/kg à 750 f/kg avec une progression de 100%.Pour faire face à cette situation, les organisations patronales des boulangers ont proposé la baguette standard à 150 Fcfa pour un poids compris entre 142g-174g  (contre un grammage entre 193g-228g actuellement homologué) et ont annoncé une baguette améliorée à 200 FCFA entre 175g-207g.  Dans une déclaration officielle, les organisations patronales des boulangers ont expliqué que ces prix vont «préserver l’équilibre dans la chaîne de valeur du secteur blé-farine-boulangerie en Côte d’Ivoire ».

Informées de la situation, les autorités gouvernementales ivoiriennes ont rencontré les organisations patronales des boulangers et des mesures ont été prises après concertation. Notamment le gel du prix du pain qui reste inchangé à 150 Fcfa. Cette décision avait été prise bien avant la guerre en Ukraine et elle est restée en vigueur jusqu’à ce jour.

En effet,  c’est au terme d’une rencontre avec le ministre du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba, le jeudi 14 janvier 2021 à Abidjan, que les organisations interprofessionnelles des boulangers de Côte d’Ivoire avaient rassuré que le prix de la baguette de pain resterait inchangé à 150 Fcfa. Une décision battant en brève l’annonce qu’avait faite la Fédération interprofessionnelle des patrons artisans, boulangers et pâtissiers de Côte d’Ivoire (FIPABP-CI), en soutenant que le prix de la baguette de pain passerait de 150 Fcfa à 350 Fcfa, à compter du 15 janvier 2021.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) dit craindre une crise alimentaire dans les régions affectées par la guerre en Ukraine. L’institution alerte aussi contre des risques de famine aggravée dans le monde. Une famine jugée « imminente », en raison de l’interruption de la production et des exportations de céréales russes et ukrainiennes.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO),  8 à 13 millions de personnes pourraient souffrir de sous-nutrition dans le monde en cas d’arrêt des exportations alimentaires de l’Ukraine et de la Russie.  La situation en Afrique pourrait être  alarmante d’autant que dans la corne de l’Afrique, des prémices s’affichent. Face à cette réalité, le chef de l’Etat du Sénégal, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA) a attiré l’attention du président de la Russie sur cela lors de leur rencontre à Sotchi,  le vendredi 3 juin 2022. Macky Sall s’est « rassuré » après sa rencontre avec Vladimir Poutine, avec qui il a évoqué la crise alimentaire qui menace l’Afrique.

Mais au-delà de tout, il revient aux pays africains de trouver une ou des solutions concernant l’approvisionnement en blé d’autant que la guerre en Ukraine perdure. L’Afrique pourrait acquérir directement le blé auprès de la Russie ainsi qu’auprès d’autres pays européens. La Russie et tous les autres  pays producteurs de blé seraient prêts à vendre  leurs producteurs aux pays africains.

Une contribution de

Moussa Koné

Citoyen malien

 

 

 

 

 

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