Le Togo et le Gabon au Commonwealth : Une adhésion qui suscite des interrogations dans l’espace francophone

Commonwealth ou Commonwealth of Nations est une organisation intergouvernementale créée le 11 décembre 1931 et composé de 54 pays membres dont 19 pays africains qui sont presque tous d’anciens territoires de l’empire britannique. Le président en exercice du Commonwealth est l’actuel Premier ministre britannique  Boris Johnson. Le siège social du Commonwealth se trouve à Londres, au Royaume Uni. Demain, vendredi 24 juin 2022, s’ouvre à Kigali, capitale du Rwanda, le 26ème sommet du Commonwealth. Fait notable de ce rassemblement de pays ayant la langue anglaise en partage, l’entrée officielle dans l’organisation, du Togo et du Gabon, deux pays francophone et non des moindres.

Puisque le Togo et le Gabon sont dirigés depuis plusieurs années par Faure Gnassingbé et Ali Bongo Ondimba. L’un est le fils de feu Gnassingbé Eyadema, ancien président de la République du Togo et l’un des pères de la Françafrique, ce système de liens étroits et opaques entre la France et ses ex-colonies africaines. L’autre le fils de feu  Omar Bongo Ondimba, l’un des piliers de la Françafrique et l’organisation internationale de la Francophonie (OIF), structure rassemblant autour de la France, tous les pays ayant le français en partage.

Héritage de la colonisation britannique et dirigée par la reine d’Angleterre, la « Communauté des nations » ou Commonwealth of Nations va s’élargir avec l’entrée, ce vendredi 24 juin, du Gabon et du Togo. Ces deux pays pourtant francophones rejoignent donc l’organisation internationale anglophone, après des années d’efforts. Si le Togo a été marqué par la colonisation britannique, le Gabon n’a pas de lien historique avec le Commonwealth.

Mais les deux pays cherchent à adhérer au club anglophone depuis une décennie – le président gabonais Ali Bongo tente même depuis des années d’imposer l’enseignement de l’anglais dès le primaire. Cette adhésion du Togo et du Gabon à une organisation rassemblant des pays anglophones suscite des interrogations dans l’espace francophone africain. Pourquoi le Togo et le Gabon se sont-ils efforcés à rejoindre le Commonwealth ? Que gagneront ces pays ? Vont-ils quitter l’OIF ?

 

Cette adhésion est justifiée par la volonté du Togo et du Gabon, soutiennent les dirigeants de ces deux pays, de diversifier les coopérations internationales. Mais cette adhésion a aussi une portée politique. Le modèle du Rwanda, qui a connu un bel essor économique depuis son adhésion au Commonwealth en 2009, a visiblement impressionné plus d’un. Intégrer cette communauté anglophone de 2,5 milliards d’habitants permettra d’attirer de nouveaux investisseurs. C’est également pour le Togo et le Gabon dont les pouvoirs sont jugés d’autoritaires et d’anti-démocratiques d’obtenir une sorte de réhabilitation politique internationale à travers le Commonwealth qui a mené plusieurs missions sur le terrain pour observer notamment l’évolution des institutions.

Même si le Gabon et le Togo réaffirment leur appartenance à la francophonie, leur entrée dans le Commonwealth constitue une promesse de relations diplomatiques plus diversifiées. Au moment où les liens du Gabon et de la France, par exemple, ont été distendus par les affaires judiciaires des « biens mal acquis », et qu’ils se renforcent avec le Royaume-Uni, en quête de nouveaux partenaires depuis le Brexit Les enjeux de l’adhésion du Togo au Commonwealth sont liés notamment à la diplomatie, l’économie, la politique et la culture. Les dirigeants togolais et gabonais ne seront pas présents à Kigali, mais ils seront invités après l’officialisation de l’adhésion de leurs pays, à la prochaine réunion du Commonwealth.

Didier Depry

 

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