Sommet Etats Unis-Afrique en décembre 2022 : Un autre mirage pour les pays africains   

 

L’annonce a été faite, il y a quelques mois, par le président américain Joe Biden, un sommet se tiendra entre les Etats-Unis et une cinquantaine de pays africains, du 13 au 15 décembre 2022, à Washington, capitale fédérale des Etats-Unis  d’Amérique. Il s’agit, selon le gouvernement américain qui est l’initiateur de cette rencontre, de discuter de défis allant de la sécurité alimentaire au changement climatique.

« Ce sommet démontrera l’engagement durable des Etats-Unis envers l’Afrique et soulignera l’importance des relations entre les Etats-Unis et l’Afrique et d’une coopération accrue sur des priorités mondiales communes », a déclaré Joe Biden dans un communiqué relatif à ce sommet. Et d’ajouter  que « le sommet visera à établir un nouvel engagement économique, à promouvoir la démocratie et les droits humains, à faire progresser la paix et la sécurité et à relever des défis tels que la sécurité alimentaire et le changement climatique ainsi que la pandémie de Covid-19 ».

 

Joe Biden, entré en janvier 2021 à la Maison blanche, ne s’est pas encore rendu en Afrique en tant que président des Etats-Unis alors qu’il a effectué des déplacements en Asie, en Europe et au Moyen-Orient. Contre toute attente, alors que la bienveillance aurait voulu qu’il effectuât une tournée en Afrique  avant d’inviter les chefs d’Etat  africains à lui rendre visite ou les inviter autour d’une table de discussion, c’est lui qui les « convoque » à une réunion à Washington. Et pas des moindres, il invite environ cinquante pays africains sur les 54 Etats  que compte le continent à cette rencontre.  Ce sont donc une cinquantaine de dirigeants africains devraient y participer à ce rendez-vous de Washington.

Comment décrypter cette attitude des Etats-Unis, sinon qu’elle apparait comme une attitude de maitre à esclaves qui ne dit pas son nom. Le « maitre » , les Etats-Unis , auraient donc toute autorité sur les « esclaves » qui sont les pays africains, au point de les ignorer pendant un très long moment, ne pas leur accorder des visites de courtoisie si tant qu’on les considère comme de véritables partenaires, et en définitive décider de les inviter à un sommet dont le véritable bénéficiaire n’est autre que les Etats-Unis d’Amérique. Même si des diplomates américains tentent de minimiser les choses et de cacher le soleil avec la main en affirmant que ce sommet ne vise pas en réalité à contraindre subtilement les pays africains à choisir le modèle américain et occidental de développement face à la présence de la Chine, de la Russie, de l’ Inde et de la Turquie, de plus en plus marquée sur le continent.  « Nous ne demandons pas à nos partenaires africains de choisir(…) Nous pensons que les Etats-Unis offrent un meilleur modèle mais nous ne demandons pas à nos partenaires africains de choisir », soutient un diplomate américain.

Les efforts diplomatiques des Etats -Unis ont jusqu’à présent en grande partie consisté à promouvoir une unité des démocraties occidentales face à la Chine, notamment,  mais ce diplomate américain, qui a requis l’anonymat, a reconnu que le sommet de décembre 2022 à Washington ne concernait pas uniquement Pékin. Moscou, Ankara  etc. sont aussi dans le viseur des Américains. D’où les propos suivants de  Joe Biden :  « le sommet visera à établir un nouvel engagement économique, à promouvoir la démocratie et les droits humains, à faire progresser la paix et la sécurité et à relever des défis tels que la sécurité alimentaire et le changement climatique ainsi que la pandémie de Covid-19 ».

Au nombre de défis que les Etats-Unis veulent relever avec le continent africain figure le changement climatique. Les Etats-Unis qui sont l’un des grands pays pollueurs du monde veulent curieusement aider l’Afrique à adopter l’énergie verte. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que cette énergie verte est très coûteuse. De toute évidence, les pays africains, pauvre pour la plupart, n’ont pas les moyens financiers pour faire face à ces investissements. Conscients de cette réalité, les Etats-Unis vont donc entrer en scène en endettant au maximum les pays africains. La technologie américaine en matière d’économie verte sera mise à disposition des pays africains. Les Américains vont donc construire des usines et les installer dans les pays africains à coût évidemment exorbitants. Quand certains de ces pays africains ne pourront pas faire face à l’énorme dette contractée, ils seront contraints, pour s’en sortir, de céder les ressources naturelles telles que le pétrole, l’or, le diamant, le gaz, le manganèse, le bauxite, le fer etc.

Le sommet de  Washington qui se déroulera du 13 au 15 décembre 2022 n’est rien d’autre qu’un autre mirage pour les pays africains. L’Afrique n’y gagnera rien , comme toujours. Le grand bénéficiaire sera les Etats-Unis d’Amérique  et plus largement l’occident. Pour rappel, le total des investissements des pays occidentaux en Afrique  en 2021 est 45 milliards de dollars ; dans le même temps, les pays occidentaux tirent du continent africain, 70 milliards de dollars en termes de profit. Selon les statistiques de 2021, ce sont 70 milliards de dollars en moyenne que l’occident tire de l’Afrique. Fait notable important, ces 45 milliards de dollars investis par les pays occidentaux en Afrique ne partent pas tous dans les caisses des pays africains, d’autant que c’est sur ces 45 milliards de dollars que son rémunérés les experts occidentaux qui travaillent dans les usines et autres services créés par les pays occidentaux en Afrique. C’est en quelque sorte la logique de reprendre par lamain gauche, ce qu’on a remis par la main droite.

Quels seront la cinquantaine de pays invités au sommet de Washington… c’est le président américain Joe Biden qui établit de façon subtile les critères en affirmant que  « le sommet visera à établir un nouvel engagement économique, à promouvoir la démocratie et les droits humains, à faire progresser la paix et la sécurité et à relever des défis tels que la sécurité alimentaire et le changement climatique ainsi que la pandémie de Covid-19 ».

Promouvoir la démocratie et les droits de l’homme, tels sont les arguments américains. Il est évident que les pays africains qui ne passeront pas aux yeux des Américains comme respectant les droits de l’homme, par exemple, ne seront pas invités au « festin ». exit donc la Somalie, le Soudan, l’Ethiopie (dont le dirigeant a pourtant obtenu le prix Nobel de la paix), le Zimbabwe, le Mali, la Guinée etc.  Les pays africains qui prendront part à ce sommet sont ceux étant favorables aux Etats-Unis… ceux qui n’auront pas donné trop de places dans leur économie à la Chine, la Russie, la Turquie et l’Inde. Il n’est cependant pas exclu que pour contourner ses propres critères, les Etats-Unis  admettent au sommet ou en marge du sommet des opposants politiques et des activistes de la société civile des pays africains blacklistés qui ne seront pas invités au sommet.

Une contribution de

Moussa Koné

Citoyen malien vivant en Europe

 

 

 

 

 

 

 

 

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