Cela n’aurait jamais été possible, il y a deux, trois voire quatre ans, jamais Simone Ehivet Gbagbo se serait rendue au siège du Front populaire ivoirien (FPI) pour y rencontrer Pascal Affi N’Guessan, président dudit parti politique.
Mais depuis le jeudi 17 juin 2021, date de l’arrivée de l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, en Côte d’Ivoire ainsi que la rupture politique et maritale du couple Gbagbo, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. De l’eau qui a marqué définitivement la fin de la guerre de leadership au FPI déclenchée en 2014 au cours de laquelle Laurent Gbagbo à La Haye, Simone Gbagbo et Abou Drahamane Sangaré en Côte d’Ivoire s’étaient ligués contre Affi N’Guessan accusé visiblement à tort de vouloir « tourner la page Gbagbo ».
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Cette eau s’est surtout traduite plus part par le départ définitif de Simone et Laurent Gbagbo du FPI et la naissance de leurs partis politiques respectifs. Simone Gbagbo a fondé le Mouvement des générations capables (MGC) et son époux Laurent (ils ne sont pas encore légalement divorcés) a créé le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Les camarades d’hier unis contre leur « ennemi » commun, Pascal Affi N’Guessan, ont aujourd’hui déterré la hache de guerre entre eux. Au point où la situation a redessiné de nouveaux antagonismes. Une analyse minutieuse du nouveau contexte nous permet de comprendre et d’identifier les nouveaux enjeux.
2023 et 2025 sont ces enjeux-là avec les élections générales (municipales, régionales) et présidentielles. Des élections pour lesquelles le PPA-CI, le FPI et le MGC sont dans les starting-blocks en adversaires mais aussi pour certains, en alliés futurs. Si Laurent et Simone Gbagbo étaient des alliés, dans la crise au FPI, face à Affi N’ Guessan ; pour les élections de 2023 et la présidentielle de 2025, il est peu probable qu’ils renouent avec leur alliance politique. D’autant qu’une question fondamentale mérite d’être posée :
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Laurent Gbagbo, déjà allié du PDCI-RDA, pourra-t-il accepter une alliance de Simone Gbagbo avec Henri Konan Bédié, le MGC faisant des yeux doux au PDCI-RDA ? Au regard de la profonde inimitié installée dans le couple Gbagbo, on pourrait volontiers en douter.
L’unique alternative qui s’offre à Simone Gbagbo qui rumine, selon ses proches, une « confrontation » politique et voudrait en découdre avec Laurent Gbagbo en 2025, reste une alliance avec Pascal Affi N’Guessan, l’ «ennemi» d’hier qui deviendra l’adjuvant d’aujourd’hui. Simone Ehivet Gbagbo et Pascal Affi N’ Guessan en sont conscients et l’ont dit à demi-mot au terme de leur rencontre politique qu’ils ont baptisée « prise de contact » et qui s’est déroulée, le jeudi 15 décembre 2022, au siège du FPI à Cocody-Les Deux Plateaux Vallons (Abidjan).
«Le FPI est un parti que j’ai contribué moi-même à créer. Si donc nous sommes des partis ennemis, ce serait vraiment dommage. Maintenant, je suis d’un autre parti. On va voir s’il y a un chemin à faire ensemble ou pas. Nous sommes des partis politiques de la même obédience. Nous sommes des partis de gauche issus de la social-démocratie. A ce niveau, nous pouvons faire des choses ensemble. Mais il faudra qu’on s’asseye et qu’on en parle mais nous n’en sommes pas encore là », a soutenu Simone Gbagbo à propos d’une alliance avec le FPI face à la presse.
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Et Affi N’Guessan d’emboucher la même trompette en affirmant que la Côte d’Ivoire a d’énormes potentialités mais « nous n’arrivons pas à transformer tout cela à cause de nos difficultés à nous unir. C’est dans la dynamique de ce combat que nous avons tenu à être présents à la cérémonie qui a porté ce parti(le parti de Simone Gbagbo, ndlr) sur les fonts baptismaux.
Il y a longtemps que nous attendions cette visite et nous osons espérer que d’autres viendront pour voir comment œuvrer ensemble, de façon décisive, à l’évolution de la vie politique de notre pays». Le président du FPI s’est dit ouvert à toutes les propositions. Quant à la présidente du M G C, elle n’en espérait pas moins.
Didier Depry
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