Mali / Un 2e responsable de la Minusma expulsé – Bamako entre fermeté et isolement international

« Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion que ce jour 05 février 2023,le Ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale a notifié à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) la décision du gouvernement de déclarer persona non grata, Monsieur Guillaume Ngefa-Atondoko Andali, Directeur de la Division des droits de l’homme de la MINUSMA. Par conséquent, l’intéressé devra quitter le territoire national dans un délai de 48 heures ».

Ces termes sont ceux du communiqué officiel du gouvernement de transition au Mali rendu public, le dimanche 5 février 2023, à travers lequel le régime militaire du colonel Assimi Goita signifie l’expulsion d’une deuxième personnalité de la MINUSMA.

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Comme le dit le communiqué, le directeur de la division des droits de l’homme de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Mali a deux jours pour quitter le pays. C’est-à-dire qu’il ne devra plus être sur le territoire malien au-delà du mardi 7 février 2023.

Pourquoi Guillaume Ngefa-Atondoko Andali est-il devenu persona non grata au Mali ? Que lui reproche le régime de transition du chef d’Etat Assimi Goita et de son Premier ministre Chogel Kokalla Maïga? « Cette mesure fait suite aux agissements déstabilisateurs et subversifs de Monsieur Andali , en violation flagrante des principes et obligations que doivent observer les fonctionnaires des Nations Unies et tout diplomate accrédité au Mali, conformément aux conventions internationales pertinentes.

En effet, à l’occasion des différentes sessions du Conseil de Sécurité des nations Unies sur le Mali, les actions de Monsieur Andali ont consisté à sélectionner des usurpateurs s’arrogeant le titre de représentant de la société civile malienne, en ignorant les autorités et les institutions nationales. Outre la sélection de ces individus recrutés pour faire des exposés spécieux, le gouvernement souligne que Monsieur Andali n’a jamais réussi à prouver les critères objectifs qui lui ont permis d’identifier les représentants de la société civile qu’il a utilisés.

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La partialité de Monsieur Andali a été encore plus manifeste lors du dernier examen du Conseil de Sécurité sur le Mali », mentionne le communiqué en guise de raisons pour lesquelles le directeur de la division des droits de l’homme de la MINUSMA est sommé de quitter le Mali. Ces raisons, comme on peut le constater, se résume en une réalité, à savoir la colère du régime malien de transition de se voir critiquer en matière des droits de l’homme.

Le colonel Assimi Goita et les autres autorités du Mali actuel ne veulent pas que les Nations Unies ou toute autre organisation internationale porte un regard critique sur leur gestion du pays. L’expulsion du deuxième dirigeant onusien intervient après l’intervention critique d’Aminata Dicko au Conseil de sécurité de l’ONU, le 27 janvier 2023. Elle suit, par ailleurs, celle du représentant de la CEDEAO et celle de l’ambassadeur de France, après le départ de Barkhane.

Au Mali, seules les populations qui soutiennent le régime militaire au pouvoir ont visiblement la pleine liberté de leurs actes et agissements. Ceux qui ne soutiennent pas le colonel Assimi Goita et le gouvernement de transition se trouvent brider dans leurs actions.

Ce fut le cas des partisans de l’Imam Mahmoud Dicko rassemblés au sein de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Dicko (CMAS) qui ont été gazés et battus par la police sur ordre de la junte militaire, le samedi 14 janvier 2023, alors qu’ils s’étaient mobilisés par milliers pour accueillir à l’aéroport international de Bamako, leur leader, l’Iman Mahmoud Dicko, qui rentrait d’un voyage hors du pays. Par ailleurs, une récente manifestation de protestation contre la gestion du pays par le gouvernement de transition que voulait organiser des mouvements de la société civile a été interdite sine die.

Avant le directeur de la division des droits de l’homme de la MINUSMA, c’est le porte-parole de la MINUSMA, Olivier Salgado, qui avait été expulsé, en juillet 2022, du Mali par le régime de transition conduit par le colonel Assimi Goita.

Les autorités maliennes lui reprochaient d’avoir déclaré « sans aucune preuve que les autorités maliennes auraient été préalablement informées de l’arrivée des 49 militaires ivoiriens par vol civil à l’aéroport international [de Bamako] le dimanche 10 juillet 2022 », selon le communiqué du ministère malien des affaires étrangères et de la coopération internationale.

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En d’autres termes, pour Bamako, la MINUSMA devait épouser la position malienne dans cette fameuse affaire des 49 militaires ivoiriens qui étaient injustement détenus au Mali. Toute autre attitude d’indépendance et de vérité de la part de la MINUSMA sonnait comme une trahison.

D’où l’expulsion d’Olivier Salgado. Le constat est implacable, le Mali se met un peu plus, à travers cette autre expulsion d’un responsable de la MINUSMA, au ban de la communauté internationale. Principalement du monde africain et occidental. Même s’il renforce ses liens de coopération avec la Russie dont le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, effectue ce lundi 5 février 2023, une visite officielle à Bamako.

Didier Depry

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