Mali / cherté de la vie, gestion de la transition, insécurité : Après l’Imam Dicko, Cheick Chérif Haidara en colère

Cheick Chérif Ousmane Madani Haidara, président du Haut conseil islamique (HCI), l’un des plus importants leaders religieux du Mali, n’est pas content de la gestion du pays par le régime de transition conduit par le colonel Assimi Goita. Il a déploré la situation sociopolitique dans laquelle se trouve le Mali, dans une vidéo diffusée, le 15 décembre 2022, sur les réseaux sociaux.

Dans cette vidéo que nous avons visionnée, le président du HCI qui affirme qu’il n’a nullement l’intention d’inciter les populations maliennes à la contestation reconnaît cependant que « ça ne va pas, ni sur le plan sécuritaire, ni sur le plan alimentaire ». Allusion clairement faite à l’insécurité galopante qui tétanise le pays au point où certaines zones sont sous le contrôle des groupes djihadistes. Au plan social, les populations sont confrontées à la cherté de la vie, avec la flambée des prix des denrées de première nécessité.

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Comme nous l’indiquaient des habitants de Bamako joints par téléphone, « l’argent est devenu très rare au Mali », ont-ils dit. Au plan politique, la gestion de la transition est catastrophique. Cheick Chérif Ousmane Madani Haidara qui en est conscient estime qu’il ne faut plus se contenter d’appeler les Maliens à prier, il faut poser des actes afin de sortir le pays de l’impasse.

C’est à juste titre que dans la vidéo, il a demandé aux chefs religieux de tout le pays « de donner des conseils et de dire la vérité aux autorités si elles sont sur le mauvais chemin ». Il a annoncé une rencontre entre des religieux, des politiques et la société civile pour faire des propositions de sortie de crise sans préciser de date. Puisque, dira-t-il, « le pays est dans une crise sans précédent ».

Il faut noter que Cheick Chérif Ousmane Madani Haidara, président du Haut conseil islamique (HCI), a mené en vain une médiation auprès des autorités de la transition malienne afin que soient libérés les 46 militaires ivoiriens détenus au Mali depuis le dimanche 10 juillet 2022. Selon des sources maliennes proches de cette médiation, le guide religieux estime qu’il faut normaliser les relations entre la Côte d’Ivoire et le Mali, « deux pays frères. D’où la nécessité de libérer ces soldats ivoiriens afin qu’ils regagnent leur pays ».

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Cheick Chérif Ousmane Madani Haidara avait régulièrement lancé des appels pour accompagner la transition en cours au Mali. Il avait même organisé en septembre 2022, un forum rassemblant des représentants religieux de toute la sous-région et parrainé par le colonel Assimi Goïta. Cette vidéo du leader religieux vient rappeler que la lune de miel entre la transition militaire au pouvoir et lui a désormais pris fin. Même si ce n’est pas encore du fuel entre eux, les relations se sont progressivement dégradées parce que les leaders religieux ne veulent plus se taire et regarder le pays aller à vau-l’eau.

C’est ainsi qu’on pourrait qualifier également la réaction de l’influent Imam Mahmoud Dicko, un des artisans de la chute de l’ex-président élu, feu Ibrahim Boubakar Kéita, qui avait durement critiqué en juin 2022, les autorités de la transition malienne et la gestion du pays. Depuis juin dernier, il n’a pas changé de position mais garde un silence assourdissant.

Didier Depry

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